L’école des fans

L’Indonésie est notre première destination où nous ne parlons pas la langue (quoique en Nouvelle-Zélande, des fois on se demandais si on parlais le même anglais). Mais notre arrivée est facile, nous avons pris contact avec une association à but humanitaire, Internal Humanity Foundation (IHF), dont l’activité à Bali consiste à enseigner l’anglais, les maths et la bureautique, aux enfants issus des quartiers défavorisés. Elle se situe à Buitan, au Sud-Est de l’île de Bali.

Julie, la directrice du centre, une anglaise, vient nous chercher directement à l’aéroport de Denpasar. Facile ! Elle nous amène dans une des chambres où sont logé les volontaires et lors de cette arrivée de nuit, je suis agréablement surpris : le centre éducatif se trouve dans une grande maison entourée de fontaines et surtout d’une piscine ! Le lendemain nous nous réveillons et voyons la vue depuis notre balcon : des rizières et une végétation exubérante au premier plan et le Volcan Agung au dernier plan.

Mais nous ne sommes pas là pour la vue : Emelie, l’autre directrice nous réexplique les règles (que nous connaissions déjà) : le matin il faut faire 4h de « tâches international », et l’après-midi est dédiée à la préparation des cours et à l’enseignement. En effet, les enfants vont à l’école publique le matin, et viennent au centre de IHF l’après-midi. L’école publique n’est pas au top : les classes sont surchargées et l’enseignement est surtout basé sur la répétition. Le centre leur permet d’apprendre d’une autre manière et de combler les lacunes de l’école publique.

Revenons aux « tâches internationales » de la matinée. Elles sont destinées à faire fonctionner l’association, qui dispose de centres éducatifs et d’orphelinats en Thaïlande, Kenya et Indonésie. Ça consiste surtout à spammer les sites web et son entourage afin de recruter des volontaires (les volontaires restent un mois, il faut donc beaucoup de candidats pour que les centres soient toujours pourvus), des directeurs (même si les directeurs sont censés rester une année, le turn-over est important), et de récolter des fonds (le nerf de la guerre). Pas très passionnant. Il faut également rédiger un blog, ce qui est un peu plus intéressant et créatif. Avec Marta, nous remarquons que beaucoup de tâches sont répétitives et gagneraient à être automatisées. Nous en automatiserons quelques unes en poussant pour aller plus loin, mais nous sommes dans une organisation où toutes les décisions passent par une seule personne, Carol Sasaki, la fondatrice, et ce n’est pas facile de faire évoluer les mentalités, surtout quand on est là que pour 4 semaines. Et puisque l’organisation fonctionne (à peu près) correctement, nos idées semblent inutiles et loufoques  C’est dommage pour l’association qui auraient pu mieux tirer profit de nos compétences que nous mettions à leur disposition gratuitement.

Revenons à l’enseignement  Puisqu’il y a assez de volontaires, on nous propose d’enseigner ensemble Marta et moi. C’est moins intimidant. Pour notre première classe d’anglais, nous devons enseigner les pronoms possessifs (mon, ma, le mien…). Afin de préparer la classe, j’ouvre “Google Translator” et demande la traction de « I » (je) : « saya », puis « my » (mon) : « saya », et « mine » (le mien) : « saya » encore une fois. Ca ne va pas être facile d’enseigner un concept qui n’existe pas en indonésien, qui plus est sans parler cette langue. D’autant plus que la directrice nous préviens : cette classe pose quelques problèmes de discipline. Nous viendrons à bout de ces deux problèmes grâce à une série de mesures, tout d’abord un jeu type jungle-speed : on met un tube en bois au milieu de la table et on retourne des cartes, si deux cartes présentent deux pronoms concordants (par exemple « They » et « Theirs »), le premier qui attrape le tube de bois a gagné.

Je propose ensuite un autre jours aux enfant de venir faire de la slackline le samedi après-midi, et enfin, puisqu’ils veulent nous tester, nous les testons aussi : lorsque par défit ils se montrent incollaboratifs, nous quittons tous les deux la classe, jusqu’à ce que la leader du groupe vienne nous voir et nous dit qu’elle promet au nom de la classe que si on revient ils vont écouter.

Heureusement c’est plus facile avec les autres classes. Les tout petits (entre 5 et 7 ans) sont attendrissants, quoiqu’il faille veiller à les maintenir toujours actifs car leur attention se dérobe au moindre temps mort. Et pour la classe des adolescents, ils sont assez matures pour que lorsqu’un des élèves a compris, il l’explique aux autres.

Le centre éducatif se situe entre un village musulman et un village hindou (village est un bien grand mot, en fait ce sont plutôt deux rues, perpendiculaires à la route principale qui fait le tour de l’île). Ces deux communautés ne s’apprécient pas vraiment et ne mélange jamais les enfants ensemble. Les enfants ne se mélangent pas trop non plus entre filles et garçons. Ce qui fait qu’à chaque classe nous avions 4 groupes : les filles hindous, les garçons hindous, les filles musulmanes et les garçons musulmans.

Je suppose que ce que nous avons vécu n’est ni plus ni moins que le quotidien de tout prof, partout dans le monde, mais ça a été instructif pour nous et on espère que les élèves ont progressé grâce à nous. Pour ceux qui se demandent si je n’ai pas irrémédiablement filé l’accent français aux élèves, sachez que j’ai appris pleins de truc sur la prononciation de l’anglais en préparant les cours, et que c’était Marta qui leur faisait répéter les mots la plupart du temps (surtout quand c’était des mots chiants du genre ear/hair, que tout bon français prononcera comme « air »).

Le samedi est réservé aux « activités/projets spéciaux ». En gros, les volontaires choisissent ce qu’ils veulent faire avec les enfants. Voyageant avec une slackline, sangle sur laquelle il faut marcher en équilibre, l’idée était toute trouvée. Afin de ne pas trop m’encombrer, je me suis fait un kit ultra léger (KUL) de slackline, pour ceux que ça intéresse je décrit son contenu en annexe.

Avant le jour J, nous décidons de tester le concept. Nous partons donc à la recherche de deux arbres pas trop éloignés (plus la distance de sangle est courte, plus c’est facile), que nous trouvons à côté de la plage. J’installe la sangle, et forcément, même si les cours sont fini depuis longtemps et que la plupart des enfants sont rentrés chez eux, il y a toujours ceux qui habitent à côté qui ne sont jamais loin. On se retrouve vite entouré d’une douzaine de gamins, mais aucun n’ose monter sur la sangle dans un premier temps. Cependant, une fois que le premier d’entre eux tente, tous les autres suivent. Ce n’est pas facile d’organiser le truc : ils montent sur la sangle à plusieurs, déconcentrent celui qui y marche, etc. Mais ce test nous permet d’imaginer deux mesures pour samedi : matérialiser un périmètre « interdit » à un mètre de part et d’autre de la sangle et mettre une chaise pour monter sur la sangle : s’ils voient la chaise, ils n’auront pas l’idée de monter par un autre endroit et du coup seront un seul à la fois sur la sangle.

La semaine qui précède, nous montrons une vidéo de slackline (une gentille vidéo avec des enfants, pas une vidéo de highline à 500m au dessus du vide du genre « I believe I can fly »), et les invitons à venir le samedi.
L’opération est un succès, et deux d’entre eux arrivent même à faire quelques pas sans assistance.

La vidéo:

Pour finir, une vidéo du tube du moment en Indonésie (“Brand New Day”):

 

Annexe Kit Ultra Léger de Slackline:

Le système de tension choisi est le système “primitiv”

L’astuce est de remplacer le mousqueton qui est du côté “fixe” de la sangle par une liaison sangle/corde. Ça n’est pas top pour l’usure, mais on en en slackline pas en escalade. L’autre problème c’est que ça oblige à faire un nœud autour de l’arbre. Mais étant donné la courte distance la tension n’est pas très grande. Je fais un nœud de huit et j’arrive toujours à le défaire facilement. Pour la corde en polypropylène l’avantage c’est que c’est moins cher et plus léger qu’une corde statique d’escalade.

 

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