La traversée du désert, le Kawah Ijen, le café et l’esclavage moderne

Notre objectif est de nous rendre sur l’île de Java pour visiter le volcan Kawah Ijen, puis Yogyakarta, où nous devons voler ensuite pour la Malaisie.

Le problème, c’est que les balinais n’aimant pas quitter leur île, nous n’avons pas trouvé de package tout fait qui nous amène de Bali à Java, alors que dans le sens inverse ça se trouve sans problème. Il faudra donc se débrouiller avec les transports locaux.

La première étape est de se rendre à la gare routière d’Ubung, à Denpasar. Facile, il suffit d’arrêter un taxi et de négocier le prix (80 000 IDR (6.16EUR)). Mais ça se corse dès l’arrivée à la gare routière. Six ou sept personnes se jettent sur le taxi, frappant sur les fenêtres et la carrosserie pour l’obliger à s’arrêter. Lorsque nous descendons, ils nous demandent où nous voulons aller. Il ne faut surtout pas répondre, car dans ce cas, ils jouerons le rôle d’intermédiaire, et nous paierons 4 ou 5 fois le prix normal du trajet. Il faut directement aller jusqu’au bus, monter dedans et payer auprès du gars chargé des tickets le prix normal (qui est en fait le double du prix payé par les locaux). Le plus dur, c’est de trouver son bus. Chaque bus a sa destination finale indiquée, mais malheureusement, pas les étapes. Nous voulons aller à Bondowoso, mais ne trouvons pas de bus qui y passe. Nous sortons la carte, mais il faut être discret, car si nous prononçons le nom de Bondowoso, nous sommes bon pour avoir un « intermédiaire » et payer 5 fois le prix du ticket. Non pas que ça soit une somme insurmontable, mais on se prendrait presque au jeu. Finalement, nous trouvons que la ville de Jember est sur le chemin et montons dans le bus correspondant. Le prix que nous payons, 60 000 IDR (4.62EUR) par personne.

Le bus : une vitesse de pointe de 60km/h, plus étroit qu’un bus classique mais pourtant avec 5 sièges par rangée (2+3) là où on en trouverai 4 (2+2) en Europe ou en Amérique, la porte ouverte en permanence, et une soute à bagages de la taille d’un coffre de berline (j’ai bien dit berline, pas break).

Au niveau des services on trouve de tout. Toutes les 20 minutes en moyenne, un vendeur ambulant ou un musicien, voire un groupe de musique monte dans le bus. Il faut faire le plein de monnaie et bien gérer sa réserve de pièces : à la fin du trajet je me suis retrouvé à devoir donner une triste pièce de 100 IDR (0.01EUR) au musicien qui chantait le mieux. Au niveau des choses à manger, je recommande les boules de tofu frites (1000 IDR (0.08EUR) le sachet), c’est assez neutre et digeste pour ne pas à avoir à utiliser un des sacs plastiques qui pendent au plafond du bus. Je les ai remarqué dès le début ces sacs et je me suis demandé pourquoi ce détail : il y avait des dizaines de choses qui manquaient à ce bus, pourquoi les sacs à vomis n’en faisaient pas parti. J’ai vite compris : les courbes sinueuses de Bali et Java + la manière de conduire du chauffeur + le fait que les passagers n’avaient pas l’habitude de prendre le bus = une dizaines de personnes ont utilisé ces sacs (qui après se jettent par la fenêtre, pas très écologique, mais en même temps je vois pas trop ce qu’il pourraient en faire : je ne vois pas le bus s’arrêter pour laisser les gens jeter leur sac dans une poubelle).

Les seules pauses, c’est la traversée en ferry entre l’île de Bali et celle de Java, et une pause restaurant (où il faut manger à toute vitesse).

Nous voyons défilé le paysage, quelque peu déprimant du côté de Java : des villages très pauvres dont le seul bâtiment en bon état est la mosquée.

Malgré que notre chauffeur eut conduit le plus vite qu’il ai pu, nous arrivons à Jember 7h après, pour un trajet de 250km.

Là arrivés de nuit au terminal de bus, encore une fois on nous propose des prix acadabrantesques, pour nous mener soit à Bondowoso, soit directement au Kawah Ijen, soit au centre ville. Nous trouvons finalement un taxi plus raisonnable que les autres et lui demandons de nous amener dans une Guest House (chambre d’hôtes) au centre ville. Mais dans cette ville pas du tout touristique, le concept de Guest House est inconnu. Nous finissons donc à l’hôtel Merdeka (très bon petit déjeuner). Selon le Lonely Planet, Jember est la ville la plus propre de Java. Apparemment ça fait des années qu’ils n’y ont pas mis les pieds.

Sinon nous rencontrons des gens super sympa, qui n’essayent pas de nous arnaquer ou de gonfler les prix. Le seul problème, c’est qu’ils parlent aussi peu anglais que nous parlons indonésien. 50 mots de vocabulaire, c’est limite pour faire un dialogue. Nous arrivons quand même à recharger notre carte SIM pour réserver un hôtel à Bondowoso.

Nous nous rendons une fois de plus au terminal de bus, et prenons le premier bus pour Bondowoso, à 35km (il faut prendre le bus direction Situbondo). Nous mettons 1h, 35km/h de moyenne maintenant ça nous paraît une bonne moyenne.

Nous descendons du bus et nous rendons vers l’hôtel le moins cher de la ville, l’hôtel Slamet. En chemin nous croisons Dory, un homme dans la cinquantaine qui nous arrête pour nous proposer une excursion au Kawah Ijen. Le prix est correct, le gars à l’air sérieux, mais ça demande réflexion.

Nous prenons donc une chambre pour 60 000 IDR (4.62EUR). Pour ce prix très bon marché, nous avons droit à une incroyable odeur d’humidité, à un « squat toilet » (toilettes à la turque avec un seau en guise de chasse d’eau). Un des employés nous propose de louer un scooter pour aller au Kawah Ijen. Effectivement, c’est la solution la plus bon marché, mais pour Marta c’est hors de question de monter encore une fois sur un deux roues. Ce gars imitait très bien « le conducteur de scooter détendu allant tranquillement en regardant le paysage ». Il nous refait son imitation à chaque fois que nous le croisons (au moins six ou sept fois).

Nous allons manger des nouilles frites dans un modeste restaurant de quartier. Les deux serveurs-cuisiniers n’ont pas souvent la visite de touristes car ils nous demandent de faire une photo avec eux. C’est comme ça qu’on reconnaît les lieux non touristiques: on est plus souvent pris en photo que l’on prend soit-même les autres en photo.

Nous décidons finalement de partir avec « l’agence » Wartel Ayu, le cinquantenaire croisé dans la rue (28 Jalan Zainal Arifin, Bondowoso, (+62)(082)141821428 o (+62)(085)257823620). C’est risqué car il n’est référencé nulle part (ni sur internet, ni sur les guides), mais au point où nous en sommes…

Afin de voir le « blue fire », la lumière bleu créée par le volcan, visible seulement de nuit, nous devons partir de Bondowoso à minuit. Nous attendons dans la rue et voyons arriver un 4×4 Land Rover de 20ans d’age, avec 4 personnes : le chauffeur, le guide, le frère du guide, et Dory, le gars qui organise le tout. Marta croit que nous sommes tombés dans un piège, mais c’est simplement que notre visite est l’occasion pour tous les amis de Dory de faire une sortie. En fait nous comprenons peu à peu la situation : 5 ans auparavant toutes les visites pour le Kawah Ijen se faisaient depuis Bondowoso, qui se situe à l’ouest du volcan. Mais depuis l’ouverture d’une nouvelle route depuis Bayuwangi, au sud-est du volcan, qui rend l’accès plus facile, les touristes visitent le volcan depuis cette seconde ville. En nous voyant venir, Dory s’est dit : « ça y est les touristes reviennent », et a mis le paquet en faisant venir tous ses potes. Au moins ça leur permet de faire de nouvelles photos car celles qu’ils nous avaient montré dataient un peu. Nous sommes donc photographiés au téléphone portable pendant toute l’excursion.

Concernant l’excursion en elle-même, elle commence par l’ascension nocture du Kawah Ijen. C’est une ascension facile avec un chemin en terre. Nous devons juste attendre un peu le guide qui manque de souffle. Nous voyons ensuite le fameux « blue fire », l’ambiance est vraiment spéciale, on se croirait sur une autre planète. Mais lorsque le jour se lève, et que nous voyons les ouvrier porter 70kg de souffre depuis le fond du cratère, nous redescendons sur Terre. Chaque jour, le volcan produit du souffre que les ouvriers récoltent, transportent jusqu’à leur campement, et vendent 700 IDR (0.05EUR) le kilogramme au gouvernement indonésien qui le revend à une entreprise chinoise. Quand nous savons que ce souffre sert entre autres à blanchir le sucre, nous nous disons qu’il y a un truc qui ne va pas dans notre système économique (nous nous en doutions déjà un peu à vrai dire). Nous demandons à notre guide pourquoi le gouvernement n’investit pas dans un système de câbles et de poulies, il nous dévisage comme si nous avions posé une question incongrue (ce n’est pas un problème de langue, il a très bien compris la question).

Niveau paysage, ça ressemble à l’idée que je me fais de la planète Vénus : un lac saturé en acide sulfurique (SO42-), des fumerolles, et du souffre bien jaune au bord du lac. D’ailleurs dans ce lac, Nicolas Hulot a « navigué ». Il y est venu en hélicoptère, y a fait descendre un petit Zodiac (le plastique résiste à l’acide sulfurique), et a ramé dedans avec l’Haroun Tazieff de service.

La sortie ne se limite pas au Kawah Ijen, nous nous rendons ensuite dans le domaine « Pemandian Air Panas ». Au programme : cascade au milieu de la jungle, vallée-grotte jonchée de stalactites, eaux thermales (de couleur marron, mais apparemment propres), et plans de café. En effet la région autour du Kawah Ijen jouit d’un climat propice à la production de café, et exporte dans le monde entier un café de très bonne qualité.

Nous finissons par inviter tout le monde au restaurant, et rentrons à l’hôtel pour faire une sieste (vu que nous nous sommes levés à minuit).

Le soir nous mangeons notre meilleur Nasi Ayam (poulet-nouilles) d’Indonésie, en le commandant dans une des nombreuses petites roulottes qui font office de restaurant ad-hoc avec quelques chaises de jardin installées sur le troittoir. Et le tout au prix imbattable de 6000 IDR (0.46EUR).

L’autre attraction de l’Est de Java est le Mont Bromo, où on voit paraît-il un lever de soleil magnifique, mais nous saturons un peu niveau volcan (et j’irai même jusqu’à dire niveau Java). Nous décidons donc de nous rendre directement à Yogyakarta via le train… qui se situe à 190km de là. C’est donc reparti pour 7h de bus javanais. Le début se déroule comme d’habitude : vendeurs ambulants, chanteurs, dépassement en courbe… Nous nous arrêtons même pour faire le plein. Puis nous arrêtons 30 minutes après à une seconde station service. Pas beaucoup d’autonomie ce bus. A moins que ce soit la pause pipi car tout le monde descend. D’ailleurs le contrôleur nous dit quelque chose en Indonésien. Apparemment il veut qu’on descende. Et qu’on remonte dans un autre bus. Au jeu des chaises musicales, nous n’avons pas été très bons. Nous nous retrouvons à monter dernier dans l’autre bus avec sacs à dos et boardbag (la valise de matériel de Kitesurf). Une dame prend son deuxième enfant sur ses genoux pour laisser une place à Marta. Quant à moi, je me retrouve debout jusqu’au prochaine arrêt, au terminal de bus de Probonglio à 20 minutes de là. Pourquoi Diable avons nous fait le changement de bus à la station service et pas au terminale de bus (qui en principe est fait pour ça). Je finis le trajet assis, avec mon gros sac à dos sous les pieds et mon boardbag à moitié sur la tronche.

Mais nous arrivons finalement au terminal de bus de Surabaya. Après avoir trouvé un taxi à prix raisonnable pour nous conduire à la gare (qui ne parlais pas un mot d’anglais mais qui riait tout le temps), nous arrivons enfin à la gare de trains. Afin de ne pas avoir une transition trop brusque, nous prenons le billet le moins cher pour Yogyakarta (qui coûte quand même 5 fois plus cher que le bus). Le train n’est pas beaucoup plus rapide que le bus, mais niveau confort c’est incomparable : notre banquette pour deux serait une banquette pour 4 dans un bus, et il y a une place prévue pour mettre les bagages. Pour connaître les horaires et le prix des trains, il faut se rendre sur http://tiket.kerata-api.co.id . Nous débarquons de nuit à Yogyakarta.

Si c’était à refaire, je pense que visiter le Kawah Ijen depuis Bayuwangi est une bien meilleur option. A Ubung terminal à Denpasar, il faut prendre le bus direction Jember et s’arrêter quelques kilomètres après la traversée en ferry.

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