Uturuncu, asi, asi !

Nous voilà parti à bord d’un Toyota Cruiser flambant neuf. Enfin c’est ce que je pense avant d’y voir un autocollant de 1999 collé sur une vitre. En tout cas le véhicule est impeccablement entretenu et dispose d’un autoradio USB MP3. Malheureusement nos baladeurs sont dans les gros sacs à dos sur le toit. La première journée sera donc bercée par le rythme des chansons populaires péruviennes. J’ai bien dit « le rythme » et non « les rythmes ». En effet au Pérou et en Bolivie, un seul rythme, qui ressemble au rythme joué par un synthétiseur lorsqu’on le met en mode « démonstration », sert de base à toute la musique populaire. Et ça donne à peu près ça :

Roger, notre compagnon Suisse Allemand, est fan, surtout lorsque les chansons commencent avec un « asi, asi ! » (« comme ça, comme ça ! ») qui met tout de suite l’ambiance. Notre chauffeur nous fait aussi écouter du Regaton, très instructif pour apprendre des vulgarités en espagnol. Le péruvien moyen ne connait pas grand chose d’autre et ils vont même jusqu’à confondre le Reggae et le Regaton !

Nous voyageons avec une famille : le chauffeur Diheter, et la cuisinière Mirsa, sont mariés et ont amené Daner, leur fils, 4 ans et déjà 30 kg.

Le voyage se déroule ainsi : beaucoup de voiture et des pauses de 10-15min à chaque fois que nous croisons un lieu photogénique.

Nous sommes en plein désert : la seule végétation est constituée de touffes d’herbes qui sont parait-il riches en cellulose (elles sont utilisées dans la fabrication du papier).

Nous passons par le « Machu Picchu péruvien », un peu décevant, mais où nous pouvons faire le plein. Pas dans une station service, mais avec les bidons qui sont sur le toit, d’un tuyau et de la capacité pulmonaire de notre chauffeur.

En effet, nous sommes en autonomie : de carburant, mais aussi de nourriture et même de gaz. La seule chose qu’on trouve dans les refuges, c’est de l’eau (non potable) et de l’électricité : pas de prises pour charger, mais seulement quelques ampoules qui nous éclairent.

Le midi, nous pic-niquons à proximité du 4×4 et le soir dans le refuge. Mirsa prépare tout elle-même chaque soir, et nous avons même un thé et des biscuits à 5h. C’est délicieux, mais il faut pas être regardant sur la chaîne du froid. Le poulet du dernier jour aura passé 5jours sur le toit. Heureusement que l’atmosphère est sèche et que les nuits sont froides. Mais nous subirons quelques conséquences dont je parlerai plus tard.

Nous voyons le sommet enneigé du volcan Uturuncu dont l’ascension est prévue pour le deuxième jour, avant de rejoindre notre refuge qui malheureusement est bien complet : nous devons partager un lit étroit avec Marta et Diheter et Mirsa nous diront le lendemain qu’ils ont du dormir à même le sol.

Le lendemain, réveil à 5h du matin, pour notre premier « six-miles ». Le 4×4 arrive au pied du volcan, puis commence à monter. Je me demande à un moment si on va monter à la cime en 4×4. Je ne suis pas loin du compte : nous nous garons à 5600m ! Sitôt la voiture garée, tout le monde sort en courant pour uriner. C’est le premier effet de l’altitude. Le volcan est encore actif, en témoignes les nombreuses fumerolles soufrées. D’ailleurs, c’est pour l’exploitation du souffre que la piste a été construite. L’exploitation a cessé il y a quelques années, mais on voit encore l’ancienne usine.

Même s’il ne reste pas beaucoup de chemin à parcourir, à cette altitude les 400m de dénivelé ne se font pas tout seuls. Nous devons mastiquer de la coca constamment et dans les parties raides nous nous arrêtons tous les 20m. Il nous faudra 2h pour attendre le sommet où Roger nous prépare un maté. La neige, très dure, ne gène pas l’ascension car elle ne se trouve que sur la partie supérieure, plus plate. Mais je rencontrerai quelques semaines plus tard un allemand qui m’expliquera qu’en juillet, où la neige et la glace sont plus abondantes, sans piolet ni crampons, son groupe n’a pas pu atteindre le sommet.

Un vent d’Est froid souffle sur le sommet et notre guide local, qui je le rappelle est obligatoire en Bolivie, vêtu d’un survêtement et de vielles baskets, a l’air pressé de redescendre. Nous faisons quelques photos et vidéos, puis redescendons par le versant Est, un pierrier beaucoup plus pentu que le chemin de montée où la descente dure en théorie 20min. Effectivement c’est faisable car il est possible de courir dans le pierrier, mais Marta est plus prudente et il nous faut 1h pour regagner la voiture.

Les effets de l’altitude se sont fait sentir : le petit Daner, qui, je ne sait pourquoi, est venu avec sa mère pour nous attendre dans la voiture (alors qu’on va repasser au refuge) a la nausée, Roger a un mal de crâne et passera toute l’après-midi à dormir, Quant à moi j’ai un léger mal de tête. Il y a même deux touristes d’un autre groupe qui ont du renoncer à l’ascension. Seuls Marta et Diheter n’ont rien.

Nous déjeunons à 15h, et Roger préfère rester dormir et ne rien manger. Bien lui en a pris car avec Marta nous tombons malades. Pas très pratique dans le désert où le seul arbre derrière lequel se cacher est un arbre en pierre. Heureusement, avec une combinaison de plantes médicinales et des médicaments qu’il me restait de Cochabamba, nous nous soignerons en moins de deux jours. 

 

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