Dans la jungle


Le Taman Negara, qui signifie en malaisien « Parc National », est paraît-il la plus ancienne forêt tropicale du monde. Elle a résisté aux périodes glaciaires et aux tremblements de Terre. Ça veut dire que cet endroit n’a guère changé en 130 millions d’années.

Pour y aller, la manière la plus habituelle (pour les touristes), c’est de prendre le bus jusqu’à Kuala Templing, puis de faire 27km en bateau le long de la rivière Templing pour enfin arriver à Kuala Tahan, aux portes du parc national. Nous choisissons un package tout fait, bus+bateau avec Han Travel (75 MYR (18.00EUR) par personne).

Le trajet en bateau est sympa. Nous nous attendions à un bateau du genre ferry, car on nous avait parlé de « bateau » sans entrer plus dans les détails, et finalement ça s’avère être une pirogue en bois, plus confortable que les pirogues locales car il a été ajouté un toit en plus. A l’aller nous sommes à contre courant, et le barreur négocie habilement les quelques mini-rapides qui se trouvent sur le chemin. Mais même si c’est agréable, le trajet durant 3h, nous nous endormons au bout d’une petite heure, assoupis sur les gilets de sauvetage qui servent surtout d’oreiller dans cette rivière où la profondeur d’eau doit dépasser rarement le mètre.



Une fois arrivés à Kuala Tahan, il faut trouver un hôtel. Le rapport qualité-prix est plutôt mauvais ici, et finalement nous prenons le moins cher de tous, Rippi Hotel, à 10 MYR (2.40EUR) la nuit par personne en dortoir. Quitte à être dans un endroit sale et peu confortable, autant payer peu. C’est une maison en bois qui surplombe la rivière avec des matelas à dormir debout, et une plomberie qui tient avec des bouts de ficelle. Ici, comme partout ailleurs en Asie, on doit enlever ses chaussures avant de rentrer. Je suppose que ça sert entre autres à ne pas salir l’intérieur des maisons avec ses chaussures. Mais ici, l’intérieur est aussi sale que l’extérieur, donc on se pose des questions sur l’intérêt de se déchausser.


Heureusement l’état de l’hôtel est compensée par la personnalité de son propriétaire, Rippi. C’est un ancien guide (qui d’ailleurs exerce encore occasionnellement pour ne pas perdre le métier), du coup il a des choses à raconter : des touristes frustrés de ne pas être rentré dans les commandos de l’armée qui veulent faire un trekking hors des sentiers en saison humide, à la vision d’un tigre en plein milieu d’un sentier (ça arrive en moyenne une fois tous les 20 ans).

Son avantage, c’est qu’il est plutôt direct et honnête dans l’info qu’il donne. Lorsque nous lui disons que nous voulons faire un trek de deux jours sans guide dans la jungle, plutôt de nous dire « vous êtes fous, vous aller mourir », comme pourrait le dire quelqu’un qui vend des packages de trekking avec guide, il nous dit juste « prenez 3 litres d’eau chacun par jour ».

Nous jetons un coup d’œil sur la carte du parc, rien à voir avec une carte topographie, c’est une feuille A4 avec dessins des chemins à la main photocopiée. Mais sont indiqués les distances et les temps de parcours. 7h pour faire 11km de plat, ça semble beaucoup au premier abord. Mais quand on est sur les sentiers, on se rend compte que les durées ne sont pas exagérées. Le terrain n’est pas particulièrement difficile et les dénivelés sont faibles. Mais la chaleur et l’humidité, ralentissent vraiment, dans cette jungle, il est impossible de marcher rapidement. Nous prévoyons notre itinéraire pour le lendemain : aller dormir dans le mirador (une sorte de refuge non gardé sommairement aménagé) de Bumbun Trenggan, et revenir le jour d’après.

Le lendemain, Marta ne se sent pas très bien, mais nous décidons d’y aller quand même. Nous achetons de l’eau et des vivres (riz frit dans une barquette) dans un restaurant local, puis nous rendons au bureau du Parc National pour acheter le droit d’entrée au « Canopy Walk » (5 MYR (1.20EUR)), et le droit de dormir dans le refuge (5 MYR (1.20EUR)). Nous nous sommes déjà acquité du droit d’entrée dans le Parc National à Kuala Templing (7 MYR (1.68EUR) pour les deux).

Pour se rendre dans le Parc National proprement dit, il faut traverser la rivière. Pas de pont, il faut prendre une pirogue, qui facture la traversée au prix fixe de 0.5 MYR (1.20EUR). Nous débarquons au Mutlara Taman Negara Resort, un immense complexe hôtelier avec Bungalows, Chambres d’hôtel, Dortoirs, Camping… qui coûtent tous le double que sur l’autre rive. Mais l’avantage, c’est que ceux qui logent ici ne sont pas dépendant des pirogues pour traverser et peuvent se lever à 4h du matin pour observer la faune. Sur ce thème, le Taman Negara n’est pas extraordinaire. La plupart des animaux ont migré vers le centre du parc, très difficile d’accès, et de toute manière la jungle est tellement dense, qu’il pourrait y avoir un léopard à 2m de nous sans que nous nous en rendions compte. Mais nous pouvons quand même voir deux gros lézards (j’en croiserai également dans le centre ville de Penang), et une sorte de sanglier, sans compter les insectes, différents par la forme et surtout la taille de ce que nous avons en Europe.


Les premiers kilomètres de sentier qui se trouvent autour du Mutiara Resort ont été aménagés avec un important réseau de plateformes. On marche donc sur des planches en bois à une trentaine de centimètres au dessus du sol. Nous passons par le Canopy Walk qui est sur notre chemin. Il s’agit d’un ensemble de ponts suspendus aux troncs des arbres (ancrés de la même façon qu’un parcours d’accrobranche), pour une longueur d’environ 500m. Les ponts sont parfois vraiment haut, mais peu de sensation de vertige car les filets protecteurs montent haut donnant une sensation de sécurité. A noter que les jours et les lendemain de pluie importante, le parcours peut être fermé (tout ou partie), car les arbres bougent un peu trop lorsque la terre dans laquelle ils sont enracinés est détrempée.

Pour les arbres du Taman Negara, toute la compétition se joue sur la hauteur : les troncs ne sont jamais très gros comparés à la taille des arbres. Pour compenser cela, ils ont une base étrange : le tronc est comme soutenu par 3 ou 5 contreforts naturels. Les lianes, qui sont des plantes poussant depuis les branches des arbres (les graines sont amenés par les animaux) jusqu’au sol, sont gigantesques. Petit conseil pour utiliser une liane à la mode de Tarzan: les lianes qui ne sont pas connectées au sol sont mortes, elles cassent instantanément, et ça fait mal au coccyx.

Nous continuons notre promenade, mais plus le temps passe, plus Marta se sent mal. Elle a un reste d’otite, et avec 40°C, et un climat très humide ce n’est pas près de s’améliorer. Nous décidons qu’il est plus raisonnable de passer une nuit malade dans la ville qu’au milieu de la jungle, et décidons de rentrer, après s’être baigné dans les eaux noires du Lubok Simon. Au passage, nous prévenons les gardes du parc, histoire qu’ils n’aillent pas nous chercher dans le refuge à 11km d’ici en cas d’évacuation du parc pour une raison X ou Y.

Niveau médecin, à Kuala Tahan, c’est faible, donc nous faisons le plein de « 100 plus », l’isotonic que l’on trouve en Malaisie, et réservons la pirogue+bus pour les Cameron Highland, où on trouvera plus facilement un médecin et où le climat est beaucoup plus frais.

En allant réserver les tickets au restaurant flottant de Han, nous voyons un groupe revenir du « River Rapid Shooting » : il s’agit d’une promenade en pirogue à moteur qui remonte le plus possible sur la partie navigable de la rivière afin de s’approcher des rapides. En plus d’être bien trempés, tout le monde avait l’air enchanté de la ballade.

Nous refaisons les 27km en pirogue en sens inverse (mais en une heure de moins car nous sommes dans le sens du courant), et prenons le minibus pour les Cameron Highland (à noter le restaurant de Han Travel est à éviter).

Sinon pour l’anecdote, j’ai du me débarrasser de mon fidèle maillot de bain qui n’a pas tenu les 8 mois de voyage.

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