Vicos, le Pérou profond

Nous avons RDV devant l’agence Respons à 7h30 avec Pédro notre guide pour les 3 prochains jours. Pour le reconnaître, c’est facile : il a le chapeau traditionnel.

Après 1 bus combi, 1 taxi collectif et 20min de marche nous arrivons à notre logement rural à Vicos. Pour moi qui suis un gars de la ville, c’est très dépaysant. Un peu moins pour Marta.


Le logement est constitué de plusieurs chambres où on s’éclaire à la bougie, d’une salle à manger avec lumière électrique, d’une salle de bain dans un autre bâtiment et d’une cuisine. Rien à voir avec une cuisine européenne. Il s’agit d’un abri constitué de 3 murs et d’un toit adossé au bâtiment principal avec quelques pierres qui permettent d’y faire un feu de bois et d’y poser marmites ou casseroles.


L’activité du jour : faire du pain. Encore une nouveauté pour moi ! Première étape, faire chauffer le four. Mais avec un four à bois, c’est plus long. On va chercher quelques bûches d’eucalyptus bien sèches et le feu prend en quelques secondes. Pédro est beaucoup plus efficace que moi et mon dernier barbecue à Beauduc avec 80km/h de vent.

Ensuite, il faut attendre – longtemps – que les bûches se transforment en braises. En parallèle, on fait la pâte à pain. Pas compliqué : eau farine, sel et levure. Le plus difficile est de tout mélanger. On est au milieu de l’après-midi, l’école vient de se terminer et d’autres femmes du village viennent nous aider accompagnées d’une fillette très vive d’esprit que j’initierai à la slackline.


On confectionne les pains en forme de disques. Puis je vois Pedro perché dans un arbre. En fait il ramasse des branches afin de confectionner 3 balais qui permettront de pousser les braises d’un côté du four et de nettoyer l’autre côté pour y poser les pains. Les balais servent ensuite à boucher l’entrée du four pour que les pains y cuisent à l’étouffée. Les pains en ressortent dorés. On en fait une quantité industrielle en 4 fournées et, tels des Jésus lors de la multiplication des pains, on va en donner à tous les voisins.


Le soir, on se couche à l’heure des poules, après avoir mangé une jardinière de petits pois, choux fleur, carottes et (bien sur) pommes de terre, qui met plus d’une heure à cuire, mais qui s’avère délicieuse. Pendant le repas, nous rejoint Julio, qui revient de son travail de cuisinier à la mine. Il vient de faire 4h de marche pour rentrer. On nous explique que ici beaucoup de monde travaille à la mine : c’est un travail très usant mais bien payé pour les standards locaux et surtout toute la famille à le droit à une mutuelle. Du coup souvent les paysans vont y travailler une année ou deux, le temps de se construire ou d’agrandir leur maison, et en profitent pour se faire faire lunettes ou appareils dentaires. Julio nous raconte son voyage en Italie, invité par une association dont le but était de regrouper les habitants de petits villages du monde entier pour qu’ils échangent. C’est la première personne que je rencontre qui n’aime pas la cuisine italienne. Principal grief : pas assez de pommes de terres. Il faut dire qu’ici c’est une institution : il y en a dans tous les repas à Vicos et disons dans 95% des repas que nous avons pris au Pérou. Heureusement pour varier un peu il y a le choix : plus de 50 variété locales et des milliers sur tout le Pérou (cf wikipedia).


Nous parlons également de l’agriculture en France. J’explique à Pédro l’agriculture intensive et les champs à perte de vue. Il préfère de loin l’agriculture vivrière de Vicos.
Bilan de la journée : beaucoup de discussion, quelques temps morts, du coup on est bien reposés.

La deuxième journée sera un peu plus fatigante. Au programme : ballade dans la montagne. Nous nous levons à 6h (soit 1h30 après tout le monde) et Pédro nous rejoint. Sur le chemin nous verrons entre autre les arbres indigènes. Tous les eucalyptus que nous voyons n’ont rien de naturel ; ils ont été planté là par les autorités pour leur principale qualité : ils poussent vite. L’inconvénient c’est qu’ils acidifient les sols.

Plus on monte, plus le vent forcit. Nous arrivons au sommet et pouvons admirer les deux vallées. En fait on dirait plutôt des canyon tellement les montagnes sont inclinées. Nous entrons ensuite dans une grotte pour voir quelques peintures rupestres et manger un petit en-cas à base de riz de de pommes de terre frites. Nous n’irons pas plus loin car avec le vent, il commence à faire très froid. Seul Pédro semble ne pas avoir froid, et pourtant il est en sandales. Dans la descente il nous fait une démonstration de fronde andine. Nous essayons aussi, mais il faut au moins une vingtaine d’essais avant de lâcher la pierre projectile au bon moment.

Rentrés au village nous apprenons que la fille de Julio se marie. Les préparatifs on déjà commencé : il s’agit de préparer de grosses marmites avec 10 cochons d’inde, appelés ici Cuy, 2 jambes de bœuf, et environ 500kg de pommes de terres. Nous aidons un peu la cuisine et on me propose de goûter les tripes de Cuy. Par prudence je choisirai le foie.

Le lendemain, nous redescendons à la maison de Julio où nous attends le petit déjeuner : Picante de Cuy. Nous passons avant devant les cages ou son élevés de petits animaux très mignons. Marta me dit qu’ils ont l’air étrange ces lapins. Effectivement ils sont étrange car ce sont des Cuy (cochons d’inde)… J’ai du coup droit à deux part : la mienne et celle de Marta, qui est incapable de toucher à ce pauvre animal. Mais je ne trouve pas pour autant que c’est une bonne idée de manger cet animal : il y a peu de viande accroché à de tout petits os (comme des cuisses de grenouille mais en pire). La viande a bon goût, mais pas autant que l’animal est mignon. Bref, quitte à manger de la viande, je préfère les gros animaux.
Ensuite nous voyons arriver dans l’ordre :

  • La famille du parrain du mariage (qui serait plutôt en fait l’équivalent du témoin). C’est l’ancien patron du marié et il vient de Lima. Finalement nous ne nous en sortons pas si mal avec Marta car, venant tout droit de la ville, ils ont l’air beaucoup moins à l’aise que nous dans cet environnement rural, à devoir slalomer entre poules et couchons.
  • L’orchestre : pas moins de 24 musiciens et qui en plus jouent en rythme.
  • La moitié du village

Tout le monde se dirige vers l’église, à peu près 1km en contrebas. Nous suivons le cortège, mais nous abstenons de participer à la messe.

Nous rejoignons notre logement ou nous attends Pédro pour la « Pachamanca ». Nous ne savons pas si c’est une personne, un animal, une cérémonie, ou un plat. Finalement c’est un mélange des deux derniers. Ça commence par un trou dans la terre. Il faut faire attention à bien mettre les divots de côté. Ensuite il faut faire un feu, puis recouvrir ce feu de pierres. Une fois les pierres très chaudes, il faut enlever les braises, défaire le dôme de pierres, et reconstruire un monticule de pierres et de nourriture : pommes de terres, haricots, et viande enveloppée dans des feuilles. On recouvre le tout de feuilles, des divots précédemment mis de côté, d’une bâche en plastique et de terre. Quarante minutes plus tard c’est prêt.

J’en parlerai à Vincent comme alternative au barbecue Australien et ses 4 brûleurs à gaz, mais je ne suis pas sûr que ce soit aussi pratique.
Pendant cette longue préparation, nous boirons la Chicha Morada : c’est une boisson à base de maïs noir, ressemblant à un jus de fruits léger et très appréciable sous ce soleil brûlant. Elle est maintenue au frais dans une jarre en terre, plus lourde qu’un thermos, mais qui marche aussi bien.
Le côté cérémoniel est donné par les deux musiciens venus pour l’occasion. Ils jouent le rythme typique, aux moments clefs : à l’ouverture de la Pachamanca et au milieu du repas. Je construirai une flûte de bambou pour tenter de les accompagner.

Ensuite on nous présente des pièces d’artisanat. Les prix étant plutôt supérieur à la moyenne et ne nous sentant pas de négocier avec des gens avec lesquels on a vécu pendant trois jours, nous n’achèterons pas grand chose : une nappe pour nous et un napperons brodé pour offrir à la famille de Lily qui va nous accueillir lors de notre passage à La Paz.

Puis c’est le moment des adieux, Pédro nous remercie au nom de son association, Cuyaquihay, et au nom de la communauté de Vicos. On nous donne une cuillère en bois comme souvenir.

Bilan : moi qui m’attendait à revivre un épisode de l’émission « Rendez-vous en terre inconnue » j’ai été un peu déçu. Je pense qu’il nous manque le charisme du présentateur et de son invité, et que notre visite n’était pas si exceptionnelle que ça. De notre côté nous aurions aimé qu’on nous fasse participer un peu plus, et un petit effort pour ne pas parler quechua lorsque nous étions là. Quoiqu’il en soit, ça reste une expérience intéressante, surtout pour un citadin.

Le soir même, comme prévu, nous prenons le bus de nuit pour Paracas, avec la compagnie Linéa.

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