Après une nuit passé dans l’hôtel-bar « Dublin » à San Salvador de Jujuy, Martin vient nous chercher en 4×4 pour nous amener dans la réserve naturelle d’Aldea Luna. Le concept est simple : tenter de chercher l’équilibre entre les hommes et la nature.
Concrètement, c’est un couple d’argentins de Bueno Aires, qui après avoir construit un hôtel en équateur qu’ils ont fait fonctionner pendant 10ans, l’ont revendu et ont acheté un immense terrain de 900 hectares au milieu de la jungle montagneuse du nord-ouest de l’Argentine. C’est une terre plutôt fertile, bien que très argileuse, mais sa topologie montagneuse interdit toute exploitation en agriculture extensive. L’élevage y est cependant possible et le voisin de Martin et Élisabeth élève des bovins.
Sur ce terrain immense ils ont construit, sur les rares endroits à peu près plat, 5 bâtiments : leur maison, une autres maison pour Gerardo, un ami d’enfance qui les accompagne dans cette aventure, une salle-à-manger-cuisine, et 2 cabanes d’habitations pour les visiteurs. Les bâtiments sont construits avec les pierres de la rivière, amenées par camion par la piste qui existait déjà lors de l’achat du terrain. La charpente est faite avec les arbres du domaine, sauf pour certaines pièces maîtresses introuvables sur place, l’ancien propriétaire ayant vendu les plus grands arbres.
L’alimentation en eau d’irrigation est assuré par deux grands bassins en bâches qui récoltent l’eau de pluie. Quant à l’eau potable, elle vient d’une source et est stockée dans un réservoir de 1000L, avant de passer par un filtre. Toute la distribution est assurée par gravité.
Il y a quelques hectares de potager en pente, clôturé en raison des poules et du cheval. L’huile de tournesol, le vinaigre, le riz, la sauce tomates, la farine de blé, le sel et les fruits proviennent de l’extérieur. Tout le reste est cultivé sur place. En effet, l’autonomie alimentaire est difficilement atteignable, à moins d’avoir un régime très monotone. Les œufs, environ 24 pondus par jour, constituent l’unique source de protéines animales : pas de viande ici, autant pour des raisons idéologiques que pratiques.
Une vingtaine de km de sentiers de randonnée ont été défrichés dans les bois.
Le transport des marchandises est effectué en 4×4 pendant la saison sèche et en cheval pendant la saison des pluies lorsque la piste n’est plus praticable en 4×4.
Trois formules d’hébergement disponibles : sans frais en échange d’un travail matin et après-midi, ne payer qu’une partie en travaillant seulement le matin, et ne pas travailler et tout payer. Nous choisissons la formule de travail le matin. Nicolas, un allemand, et Ghazzy une américaine, qui sont là pour plusieurs mois, travaillent eux toute la journée.
Nous arrivons à l’heure du déjeuner. Au menu : tarte de légumes, et salade de betteraves, tomates, carottes et laitue. Nous apprécions ce repas qui nous change de tout ce que nous avons pu manger les deux derniers mois, et qui nous rappelle un peu nos repas à Nice où nous somme abonné à une AMAP.
L’après-midi, nous arrosons quelques épis de maïs et partons randonner dans la forêt, en compagnie des deux chiens Hugo et Ovidéo. Ça ressemble à une forêt bretonne avec un relief alpin. Et encore, nous sommes à la fin de la saison sèche, donc j’imagine que c’est encore plus vert pendant la saison des pluies.
Le reste du séjour s’écoule au rythme de la campagne auquel nous nous habituerons finalement à la fin de la semaine.
Nous apprendrons à construire un mur en pierres, à faire des confitures, à faire du pain dans une casserole en fonte, à utiliser une machette, à faire du compose à base de bouse de vache, de terre et d’herbes ; et surtout à cultiver à la manière bio. Le principe est simple : pas d’engrais, donc il faut retourner la terre et composter, pas d’herbicides, donc il faut désherber. Et sans machines c’est beaucoup de travail, je comprends maintenant pourquoi les produits bio sont si chers, et pourquoi le désherbant de Monsanto a tant de succès.
Donc en résumé, pour cultiver, 3 solutions :
- bio sans machines : pas d’investissement et beaucoup de travail
- bio avec machines : moins de travail mais des coûts, qu’il faut compenser en cultivant une plus grande surface
- avec désherbant, engrais et OGM : pas grand chose à faire, mais il faut acheter ses semences chaque année, sans compter les cancers et la pollution
Sachant que les solutions bio n’empêchent pas de faire appel à la technologie, comme l’irrigation au goutte-à-goutte, les bases de données open-data, et les banques de graines.
Le couple Martin-Elisabeth est admirablement complémentaire. Lui, à la manière Argentine, plaisante tout le temps, même concernant des choses graves, et Élisabeth, qui a des origines Russes, prend les choses plus au sérieux.
La mère de Martin, qui habite à Jujuy à quelques kilomètres de là, appelle trois fois par jour, et Martin et Élisabeth devront partir en ville pour 4 jours pour s’occuper d’elle. Nous resterons avec Gerardo, avec qui malheureusement nous nous entendons moins, ce dernier n’ayant pas totalement perdu le stress de Bueno Aires.
Nous sommes à la fin de la saison sèche, du coup les douches sont rationnées à deux par semaine. Le chauffe-eau marche au bois, il faut donc s’y prendre une demi-heure en avance pour laisser à l’eau le temps de chauffer. Toutefois, l’eau est bien chaude.
Mais au milieu de la semaine, les première pluies diluviennes, annoncent la fin, d’ailleurs tardive cette année, de la saison sèche.
La nuit nous pouvons voir les lucioles volantes et clignotantes qui ressemblent à des avions volant de nuit.
Notre dernier jour tombe le jour des semences. En effet, Élisabeth utilise un « calendrier biodynamique » qui lui indique les meilleurs jours pour planter des graines en fonction du type de plante. Il prend en compte les phases de la Lune, ce qui n’est pas stupide car la Lune influence (et encore ça reste controversé) la croissante des plantes (http://fr.ekopedia.org/Calendrier_(lunaire)). Mais également la position des planètes. Je doute que le champ gravitationnel de pluton influence réellement la croissance des choux. Ce qui m’étonne, c’est que Élisabeth a les deux pieds sur terre pour tout le reste. Un des mystères de l’astrologie…
Élisabeth tient à ce que chaque volontaire plante des graines, ce que nous faisons, sans oublier de protéger ensuite les semis des oiseaux et des poules, à l’aide d’un mikado de branches autour de chacun.
Elle est rentrée le matin même, accompagnée de son fils Mathias, 16ans, et passionné de langues et cultures étrangères : ça tombe bien, avec les volontaires issus de tous les coins du monde, il a de quoi faire. Il est sociable, mais apparemment a du mal à se trouver des intérêts communs avec les autres jeunes de Jujuy.
Après une dernière photo de groupe, nous prenons le chemin du départ : 6km en descente avec nos gros sacs à dos. C’est pas loin du maximum que nous pouvons faire avec 15kg sur le dos. Ensuite 1h de bus local, qui nous rappelle ceux de Bolivie, nous ramène à Jujuy où nous passons une nuit dans l’hôtel Casa de Barro, dont le seul intérêt est la décoration très jolie. Mais l’eau chaude ne marche pas correctement, les matelas sont ultra-mous et le personnel nous demande de payer pour garder nos sac à dos pour l’après-midi : une première dans toute l’Amérique du Sud.
Le soir nous prenons le bus pour San Juan.
Des argentins qui ne mangent pas de viande… Oua, je suis impressionne! Post tres interessant, j’attends de voir vos prouesses pour faire du pain a l’ancienne ici en oz. bonne continuation a vous 2!
Autre ferme dans le même esprit, en Colombie:
http://sweetgreendreams.blogspot.fr/2010/11/mama-lulu.html
Coucou j espere que votre séjour se passe bien ? Qu est ce que vous me donnez envie ….bien bien profitez bien du soleil (chanceux) nous s il fait 4 degrès on est content 🙂 …
ne vous fatiguez pas trop et surtout profitez bien
bon tour du monde
Open data 🙂