60km à pieds entre Kalaw et le Lac Inlé, à travers de la campagne Birmane

Nous arrivons à Kalaw à 3h30 du matin : trop tard pour faire une nuit correcte et trop tôt pour attendre le matin dans la rue. Du coup nous suivons le premier rabatteur que nous croisons. Il nous amène au Golden Lily, où nous partageons avec Pedro, un espagnol croisé dans le bus, une chambre à 3 pour 10 USD (7.70EUR), prix imbattable en Birmanie.

L’objectif est de faire le fameux trekking Kalaw – Lac Inlé. Pedro a un planning serré, il part donc faire le trekking le lendemain avec Golden Lily, qui lui propose le meilleur prix (30 000 MMK (23.69EUR) pour 3 jours, auxquels il doit ajouter le transfert de son gros sac à dos et le bateau pour traverser le lac à l’issue du trekking). Nous décidons de nous reposer et de ne partir que le surlendemain, après avoir comparé ce que nous proposent les différentes agences. Dès le petit déjeuner, et à chaque fois que nous le croisons, le propriétaire de Golden Lily nous parle de son trekking, en mettant en avant le prix. Par contre pour connaître le contenu exact du trekking, c’est plus compliqué. Nous ne sommes pas contre payer une peu plus cher, et allons faire le tour des agences, au passage nous changeons d’hôtel pour le Golden Kalaw Inn, qui est guère mieux que le Golden Lily, mais où nous avons un meilleur feeling avec le personnel. Deux agences sortent du lot : « Sam’s Family » et « A1 trekking ». Nous choisissons finalement Sam car il est vraiment bon vendeur.

Nous sommes 6 pour le trekking, qui nous coûte du coup 34000 MMK (26.85EUR) par personne, transfert des bagages et bateau inclus.

L’équipe au complet

Le trekking consiste à marcher 60 km par les sentiers, pistes et voies ferrées de la campagne birmane, en dormant dans la maison de paysans locaux. Il est aussi possible de dormir dans un monastère pour la seconde nuit, ça coûte moins cher, mais la qualité de l’hébergement est désastreuse et il n’y a pas de contact avec les locaux.

Nous ne regrettons pas notre trekking, les guides étaient très bien et cuisinaient vraiment bien, il y avait une bonne ambiance dans notre groupe, et la famille chez laquelle nous avons passé la deuxième nuit était très accueillante.

Dans la campagne les gens vivent avec vraiment rien, et nous devons nous adapter provisoirement à cette manière de vivre : nous dormons à même les planches du sol, une grosse couverture servant de matelas, pour se doucher, il faut utiliser un bol pour puiser dans le puits, et se doucher habillé avec un sarong pour les femmes et en slip pour les hommes. La nudité est très mal vue par les Shan (les habitants de cette partie de la Myanmar). La cuisine se fait au feu de bois, toutefois la cuisine est infiniment plus confortable qu’au Pérou : elle se trouve à l’intérieur de la maison et le sol y est en bois (au Pérou c’était juste 2 murs adossés à la maison).

Cuisine

Salon-Salle-à-manger-Chambre

La cabane au fond du jardin

Petite astuce pour dormir sans matelas : pas la peine de chercher une position confortable, ça n’existe pas. Il faut plutôt changer régulièrement de position. Au bout de deux nuits on prend l’habitude. Sinon n’oubliez pas d’apporter un pull car il fait froid la nuit.

Au niveau météo, nous avons été plutôt chanceux : à chaque fois qu’il pleuvait fort nous étions à l’intérieur (même si souvent les toits n’étaient pas étanches de partout).

La veillée du dernier soir avait une ambiance toute particulière : nous avons discuté, par l’intermédiaire de notre guide qui parlait Shan, à la lueur des bougies avec notre famille hôte, dans leur maison en bois, tandis que dehors une tempête faisait rage, apportant une des premières pluies de la saison. Nous avions l’impression d’avoir voyagé dans le temps.

Nos hôtes. On dirait pas comme ça, mais ils étaient vachement sympas

Le dîner

Compagnie nocturne

Nous avons marché sur tout: des sentiers entre les champs, des pistes en terre, et même une voie ferrée, où nous avons attendu le passage du train.

Les gens croisés sur le passage n’avaient pas l’habitude de voir les touristes. Ils saluaient presque systématiquement, et parfois riaient sans raison. Les enfants étaient particulièrement excités par notre passage, et lorsqu’on sortait l’appareil photo, c’était pire. Ils sont toujours naturels, contrairement aux adultes qui se forcent à prendre un air très sérieux (traduire: faire la gueule) lorsqu’ils posent.

En saison sèche, il faut parfois monter l’eau à dos de buffalos

Ou à dos d’homme

Maison traditionnelle en bambous

Partageant de la brioche entre les enfants

Serpent vert fluo

Arbre géant, certainement pluricentenaire

Forêt de bambous

Comme partout ailleurs en Asie du Sud-Est, ici prendre une douche tous les jours est considéré comme essentiel. Mais à la campagne, c’est légèrement plus compliqué qu’en ville. Il faut se doucher habillé, entouré d’un sarong pour les femmes ou en caleçon pour les hommes. Trois types de “salle de bains”:

  • la fontaine publique du village, lorsqu’il y en a une
  • un gros réservoir où on puise l’eau avec un bol
  • la rivière

Nous aurons droit aux 3. Pour la rivière, il y a une zone réservée aux femmes, ensuite une zone réservée aux hommes, puis une zone pour les buffalos et les scooters. Afin de ne pas avoir à nous séparer entre hommes et femmes, nous nous baignerons à l’aval de tout le monde, y compris des buffalos. Heureusement qu’il y avait du courant pour rendre l’eau relativement propre! Nous avons servi de spectacle à deux enfants qui ne nous quittaient pas des yeux, n’ayant jamais vu de leur vie des gens se baignant en sous-vêtements.

La rando fini par une traversée du lac en bateau, afin de se rendre à Nyang Shwe, où se trouvent la plupart des hôtels du Lac Inle. La première partie, dans des canaux entre les champs et les vignes est très agréable, mais lorsque nous débouchons dans le lac, le vent de l’après-midi souffle, nous envoyant toute l’eau soulevée par l’étrave du bateau dans la figure. Heureusement toutes les pirogues prêtent des parapluies. D’ailleurs je me dis que c’est dommage d’avoir laisse mon matériel de Kitesurf à Bangkok, car le Lac Inlé pourrait être un spot potentiel.

Nyaung Shwe n’est pas vraiment au bord du lac, il y est relié par un canal de 5km, qui constitue la dernière partie de notre traversée en bateau. Nous débarquons et nous rendons au Queen Inn hotel où nous attendent nos bagages. L’hôtel n’est pas un modèle de propreté (mais nous avons vu bien pire), mais ils se rattrapent avec d’excellents jus de fruits servis à la moindre occasion, et un super petit déjeuner de crêpes à la banane (le meilleur de Myanmar pour nous). Ça nous coûte 20 USD (15.40EUR) la nuit pour deux.

Port de Nyaung Shwe

Et bien sûr la Pagode du village

Toujours avec le principe d’un Bouddha par jour de la semaine

Depuis Nyaung Shwe nous louons des vélos pour nous rendre aux sources chaudes, à une dizaines de kilomètres. Le trajet est plus intéressant que la destination : nous passons par la campagne où se baignent les buffalos, et nous croisons des véhicules improbables sur la route.

Pas de gaspillage sur les véhicules birmans: tout pièce superflue est proscrite.
Le moteur, comme pour les bateau: un moteur de motoculteur.

Buffalos prenant un bain

Sous l’oeil de leur propriétaires

Touristes argentins

Villageoise, Canal, Pirogue, Maison et rizières: tout y est

Le spa est luxueux, et le prix s’en ressent, 8 USD (6.16EUR) par personne.

La cuisine nous a déçu à Nyaung Shwe, mise à part un restaurant (et le petit déj de notre hôtel), tout était trop gras, sans parler des currys, qui étaient à la limite du mangeable. Étrange pour une région qui produit autant de fruits et légumes.

On trouve des français vraiment de partout dans le monde

Nous faisons une journée en pirogue sur le lac. La traversée du lac nous avait permis d’en voir une partie, mais puisque c’était l’après-midi, les pêcheurs étaient déjà rentrés et les projections d’eau du au vent ne permettaient pas de profiter du paysage.

Nous montons donc une fois de plus dans un bateau typique du Lac Inlé : une longue pirogue, à la coque très bananée, équipée d’un moteur ultra-bruyant de tondeuse à gazon. La promenade consiste à moitié à s’arrêter dans les nombreux magasins du lac, où les choses coûtent deux fois plus cher qu’ailleurs (le barreur est commissionné), et pour l’autre moitié à visiter les sites touristiques. Nous passons, au ralenti, proche des pêcheurs avec leur célèbre façon de ramer avec une jambe (afin d’avoir une main libre) : une jambe sur le bateau et l’autre jambe appuyée sur leur rame, ils poussent pour se propulser avec le plat de la rame, tournent la jambe de 90° pour avoir la tranche de la rame dans le sens de la marche, et ramènent la rame sans la sortir de l’eau.

Pêcheur pêchant

Nous voyons également les fascinants jardins flottants, où les paysans travaillent en bateau entre les rangées de légumes.

Les jardins flottants

Le principal véhicule agricole du Lac Inlé: la pirogue

Atelier de tisserand

Fabrication de cigares

Nous nous arrêtons à la pagode Hpaung Daw U. La particularité de cette dernière est d’héberger 5 statues de Bouddha, que les fidèles ont tant couvert de feuilles d’or qu’ils ressemblent désormais à des blobs d’or amorphes. La chapelle centrale où se trouvent les Bouddhas est interdite aux femmes. Il paraît que c’est à cause des menstruations, considérées trop impures pour Bouddha. Je me demande ce qu’il se passe lorsque c’est un homme qui a des hémorroïdes, mais m’abstient de poser la question, les gens prennent facilement les choses mal lorsqu’on parle de religion.

Selon la légende, la barque transportant les bouddhas a coulé

Bien sûr la pancarte se trouve en haut, histoire de laisser faire leur buisness aux vendeurs de feuilles d’or d’en bas

Les fameux Bouddhas, dont l’un d’entre eux, après être tombé dans le lac est revenu tout seul au temple

Marta n’a pas le droit d’aller plus loin

Malgré le matchisme des boudhistes, les femmes continuent de participer à la religion, au lieu de la boycotter

Le Parrain

La dernière étape est l’ex Temple des Chats Sauteurs, où auparavant les chats étaient dressés à sauter au travers des cerceaux. Mais le moine supérieur ayant changé, et le nouveau considérant cette activité comme futile, les chats ont perdu leur don et se contentent de se prélasser à l’ombre.

Temple en teck

Chat ne sautant pas

Lecture VS méditation

Après être restés plus longtemps que prévu dans la fraîcheur du Lac Inlé, nous prenons un bus pour Bagan (7 h pour 20 000 MMK (15.79EUR)).

 

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