Hsipaw, l’essence du train

 

La route de Mandalay a Hsipaw est la plus sinueuse que nous ayons pris. Le couple d’Irlandais que nous avons croisé à Kalaw nous prévient : pendant leur trajet la moitié du bus a vomi. Heureusement pour la sécurité, cette route est quasi une autoroute : il y a une route qui monte et une autre qui descend, donc pas de danger de choc frontaux lors de dépassements approximatifs. Et heureusement pour notre estomac, c’est sur ce trajet que nous avons eu le meilleur chauffeur de bus de notre séjour.

Scooter sous la pluie à Hsipaw

Du coup nous arrivons à Hsipaw à 22h15 dans un état meilleur que ce à quoi nous nous attendions. J’ai entré plusieurs positions d’hôtels sur mon GPS, mais le chauffeur ne veut nous laisse descendre qu’à Lily Guest House. Ça doit être le seul hôtel à propos duquel nous n’avons pas de référence donc nous allons au Nam Khae Mao, devant lequel le bus est passé 2min plus tôt, et le réceptionniste qui nous accueille est super sympa et dynamique malgré l’heure tardive (22h en Birmanie, c’est comme 1h en France). Malheureusement, l’hôtel tombe en décrépitude, rien n’a été entretenu et il n’a pas été nettoyé régulièrement. Ce qui est étrange, c’est que le propriétaire a construit un deuxième hôtel alors que le premier est dans cet état. Nous n’y passons qu’une nuit et allons au Yee Shin (13 USD (10.01EUR) la chambre double), neuf (espérons qu’il le restera), avec un personnel est accueillant malgré qu’ils ne soient pas très à l’aise en anglais, et surtout des « Western toilets ». Seul défaut : ils n’ont pas internet.

Marché à Hsipaw

Hsipaw est une ville agréable, mais il n’y a pas non plus des masses de choses à y faire. Et en cette saison, il faut gérer avec la pluie, qui tombe sporadiquement de façon diluvienne, mais jamais très longtemps.

Magasin-Mobilette

Nous faisons une randonnée jusqu’à une cascade, rien de transcendant, c’est plus pour l’exercice qu’autre chose.

Marta sous la pluie et une réplique du Golden Rock

La fameuse cascade

Et le Water Buffalo en gardant l’accès

Une ballade plus intéressante est d’aller au « Little Bagan ». Même après avoir fait le Big Bagan, nous trouvons ça pas mal, car la végétation se mêle aux temples en brique de manière très poétique. Et ça permet de se promener dans la campagne où les gens sont toujours souriants.

Fred devant un des temples de Little Bagan

Little Bagan

Arbre poussant dans un temple

Nous faisons une pause au « Pop corn Garden », où on nous sert de supers jus de fruit accompagné de pastèque et de maïs frit.

Jus de fruit au Pop-Corn Garden

En rentrant, nous passons au restaurant de Mrs Boat, une vieille dame super aimable, pour manger une excellente soupe de nouilles, mais que malheureusement nous digérons mal. Je pense qu’en général il faut éviter d’arriver tard aux restaurants (il était 15h), et préférer manger comme les locaux à 11h30 lorsque les préparations de la cuisinière sont encore fraîches.

Monastère en teck

Temple autour de Hsipaw avec un tigre végétarien

Après avoir fait un peu de shopping, une paire de tongs pour Marta (2500 MMK (1.97EUR)), dont nous nous rendons compte plus tard que c’est la paire de tongs préférée du village, la moitié des Hsipawens ont les même, nous nous rendons à la gare afin de réserver le train pour le lendemain. Nous pénétrons dans les bureaux de MR (Myanamar Rail), dont la devise est « I will be always sure ». Et l’employée est sûr de deux choses : il n’y a pas besoin de réserver et en tant qu’étranger, nous devons arriver à la gare à 8h30, 1h avant le passage du train prévu pour 9h30.

De mon côté, je suis sûr qu’il nous a fait une blague : déjà le train est prévu pour 10h, et pas 9h30, et comme c’est presque systématiquement le cas, il a 2h de retard. Ce qui fait 3h30 à attendre. Nous allons nous balader à Hsipaw, où nous avons déjà de toute façon tout vu, et en rentrant bonne nouvelle : le train est en avance sur son retard, et doit passer à 11h. Nous achetons les billets en « Upper Class » (première classe) jusqu’à Pyin Oo Lwin. Il est possible d’aller jusqu’à Mandalay, mais avec une arrivée prévue à 23h, nous ne sommes pas sûr de trouver un hôtel ouvert à cette heure-ci. Le billet nous coûte 6 USD (4.62EUR) chacun (contre 3 USD (2.31EUR) en « Ordinary Class »).

Le train arrive finalement à 11h30 et nous partons enfin de Hsipaw un peu avant midi.

Attente à la gare de Hsipaw

Nous croisons de nombreux autres touristes (enfin, seulement sept autres touristes, mais à Myanmar, c’est beaucoup), et tout le monde est impressionné en montant par l’âge du train. Il a certainement plus de 50ans, peut-être même date-il de la colonisation anglaise (Myanmar a connu l’indépendance en 1948). En tout cas, rien ne semble avoir changé depuis les années 1920, si je me fie à la description faite dans le livre d’Orwell “Burmese Days“, que je recommande au passage.

Un peu de luxe pour une fois

On a bien fait de prendre la première classe

Détail du train Lashio-Mandalay

Passager clandestin

Un à-coup sec et le train se met en branle. Nous sommes habitués aux bus qui bougent, mais nous n’avions jamais vu un train qui bouge autant. Pourtant la voie a l’air rectiligne.

Marta est dans le train

Le trajet est vraiment typique (un mot que j’adore) : nous passons à 30km/h au travers la campagne, en nous arrêtons à toutes les petites gare qui se trouvent sur le passage, où règne à chaque fois une grande effervescence.

Un des nombreux villages où l’on s’arrête

Le long de la voie ferrée

La campagne birmane défile devant nos fenêtres

Passage à niveau

Encore un village

Le point d’orgue est le viaduc de Gokteik, construit par les anglais, qui fut pendant un bon moment le plus grand/long viaduc du monde. Etant donné que les portes du train sont toujours ouvertes (d’ailleurs je ne sais même pas s’il y a des portes), c’est impressionnant de se tenir au milieu du sas et de voir 300m de vide de part et d’autre de soit. D’ailleurs, ce pont ferait un super spot de saut pendulaire.

Comment obtenir une photo trouble

Le train sert également de machine d’élagage : personne ne coupe les plantes qui bordent la voie, et du coup c’est le train sur son passage qui rompt les branches qui ont poussé depuis la veille. Le problème c’est lorsque les branches sont souples : elles ne cassent pas mais pénètrent légèrement pas les fenêtres toujours ouvertes du wagon. Ne sortez pas le coude par la fenêtre, ça fouette.

Attention à ne pas laisser dépasser des membres par la fenêtre

Barrière de passage à niveau en bambou

Nous arrivons à Pyin Oo Lwin peu avant 19h. Nous avons le choix entre chercher un hôtel ou chercher un taxi partagé (« Shared Taxi ») pour aller à Mandalay en environ 2h (moitié moins de temps que le train). Nous choisissons la seconde option, mais malheureusement, pas de taxi à cette heure-ci, seulement un « pick-up » : c’est un petit camion dont la plateforme a été aménagée avec deux bancs repliables. Ce n’est ni confortable ni sécuritaire, le seul avantage de ce moyen de transport c’est que ça coûte 2000 au lieu de 6000 MMK (4.74EUR).

Dans le pick-up avec une moto cross et deux touristes belges, une fois

Nous partons donc pour 2h de route sinueuse, à fond car la circulation est fluide. Nous avons l’impression d’aller très vite, mais en observant le compteur, je vois que nous ne dépassons jamais les 60 km/h. Mais entre le bruit que fait le pickup et l’état de la route, on croirait aller à plus de 100km/h.

Lorsque les deux bancs des pickups sont pleins, les derniers arrivés s’installent debout sur le hayon, assi sur le toit, ou accroché debout sur les côtés du véhicule. Mais apparemment ces places sont plus appréciés que le banc, puisque ceux de notre pickup sont loin d’être remplis et nous avons un passager qui préfère monter sur le toit et un autre qui préfère être debout à l’arrière.

Je ne sais pas si c’est le moyen de transport le plus dangereux que nous ayons pris, mais en tout cas la touriste belge qui est avec nous est sur le bord de faire une crise d’angoisse, et préfère fermer les yeux pour ne pas voir la route. Nous regrettons de ne pas être restés à Pyin Oo Lwin. Ceci dit, pas sûr que le trajet en taxi partagé aurait été très différent.

A 21h, nous sommes à Mandalay, le pickup nous dépose devant notre hôtel, le plus dur ayant été d’indiquer l’adresse au chauffeur. C’est dans ce genre de situation que savoir écrire les chiffres en birman aide car à Mandalay, les rues n’ont pas de nom, seulement des numéros. Nous reprenons une chambre à l’hôtel « ET Hotel », bien que le gars de la réception soit assez pénible à toujours nous demander si nous n’avons pas besoin d’un taxi, ça reste le meilleur hôtel à 25 USD (19.25EUR) que nous ayons trouvé à Mandalay.

Nones à Hsipaw

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