Pour aller de Huaraz à Paracas, nous avons du changer à Lima, et prendre deux compagnies différentes : Linéa puis Oltursa.
Mais le problème au Pérou, c’est que, mise à part à Cusco et Aréquipa, les terminaux de bus sont propres aux compagnies et rarement proches les uns des autres. C’est un peu comme si Airfrance avait son aéroport au nord de la ville et Ibéria le sien au sud de la ville. Pas pratique ni pour les changements, ni pour comparer les prix : de nombreux trajets ne sont pas publiés sur les sites internet.
Paracas étant une ville touristique, à peine sorti du bus, une horde de rabatteurs arrive. Chacun sa stratégie : Marta répond sèchement et moi les ignore complètement.
Nous nous installons à l’hôtel « Backpackers House Soler » qui se situe juste à côté du « Backpackers House » recommandé par le Lonely Planet. La ressemblance des deux noms ne doit à mon avis rien au hasard. En tout cas l’hôtel est correct : S/.35 la chambre double, salle de bain et toilettes propres (mais sans papier hygiénique) , eau chaude, cuisine et wi-fi. Sans oublier le coin laverie : deux grands lavabos, du savon de Marseille et des cordes à linge.Le temps étant sec et légèrement venté nous en profitons pour laver nos vêtements, à l’ancienne, c’est à dire en frottant. Ça prend du temps mais au final ça marche.
La ville est toute petite : 3 rues d’environ 1 km parallèles à la mer. Nous faisons le tour des agences pour connaître le prix d’un tour aux Iles Ballestas et pour le sandboarding. Finalement, nous prenons le tour à S/.30 que nous propose l’hôtel. Pour le sandboarding, on ira voir directement sur place, à Ica.
Nous profitons de la présence d’une cuisine dans l’hôtel pour nous préparer autre chose que des pommes de terre, du riz et du poulet : des pâtes aux oignons et tomates. Mais le plus dur n’est pas de faire la cuisine, c’est de faire les courses : il y a à Paracas seulement deux épiceries avec aucun prix affiché. Il faut donc aller de l’une à l’autre et demander les prix pour comparer.
Le lendemain matin, le réveil sonne tôt. Pour cause : nous avons RDV à 8h pour embarquer pour les Iles Ballestas. Nous hallucinons en voyant que le port de cette toute petite ville est noir de monde. Nous ne savons pas d’où sortent tous ces gens car il n’y a pas l’air d’y avoir tant d’hôtels que ça. Au milieu de cette usine à touristes je suis pris d’un gros doute : va’t-on voir des animaux avec autant de monde et de bateaux ?
Quoiqu’il en soit, nous embarquons dans un bateau disposant de 20 places assez serrées, mais qui a l’air assez marin et surtout bien motorisé : deux gros moteurs hors-bords. Nous prenons place à l’arrière qui est toujours plus stable et en général moins arrosé. Mais les embruns ne sont pas un problème : nous traversons à toute allure la baie sur une mer d’huile. Premier arrêt : le candélabre, gigantesque dessin faite dans le sable sur le flanc d’une dune. Personne ne sait d’où vient ce dessin. Certains disent que c’est un repère pour les marins, d’autre que ça a un rapport avec les lignes de Nazca, dont d’ailleurs personne ne sais non plus d’où elles viennent. D’autres qu’il s’agit d’un plan à déchiffrer menant à un trésor. Ma théorie est moins poétique : quelqu’un de Paracas a eu un jour la bonne idée de faire un grand dessin sur le sable pour attirer les touristes. En tout cas c’est esthétique.
La houle, qui nous vient de travers, commence à se faire sentir : notre vedette sort de la baie et après l’apéro du Candélabre se dirige vers le plat de résistance : les Iles Ballestas. Les îles sont très austères : du rocher, des arches, quelques rares plages de galets, et pas une once de verdure. Mais ce n’est pas ça qui fait leur charme : c’est à couper le souffle, elles débordent d’oiseaux et de mammifères marins : pélicans, sternes, fous, otaries, manchots… Tous mes doutes s’envolent : les animaux se fichent royalement de l’afflux de bateaux touristiques, qui d’ailleurs ne sont pas si intrusifs que ça : personne ne débarque et les bateaux se contentent de faire le tour des îles à faible allure. Et les passagers sont trop occupés à photographier pour faire du bruit. Nous verrons entre autres de grands vols d’oiseaux en V et la « plage de la maternité » où viennent accoucher les otaries.
Il y a une présence humaine sur ces îles où pourtant rien ne pousse. En effet on y exploite depuis longtemps le guano, excellent engrais, dont les îles sont littéralement recouvertes. Maintenant l’activité est restreinte, mais à la grande époque on y faisait des excavations qui pouvaient atteindre jusqu’à 30m.
Rentrés à bon port, nous prenons le bus pour Ica. L’ambiance y est plus ensoleillée qu’à Paracas et ses nuages matinaux, et aussi plus bruyante : ici les marchants de fruits utilisent un mégaphone. Comme à notre habitude, nous comparons les prix dans les différentes agences pour le sandboarding. On trouve une variété de prix qui n’a rien à envier à l’industrie du transport aérien : sur internet S/.200, à Paracas S/.70, dans la station de bus à Ica S/.50, sur la place centrale de Ica S/.45. Tous semblent proposer le même tour, donc nous choisissons le moins cher, S/.40, aller-retour en taxi inclu, que nous trouvons dans l’agence « Las cataratas de Iguazu ».
Nous mangeons tranquillement dans un restaurant qui propose une cuisine Péruviano-créole. En effet Ica est une ville où la communauté créole est très importante.
Puis l’agence affrète un taxi pour nous amener, nous ainsi qu’un couple venant d’Aréquipa, à Huacachina, qui est un petit oasis au milieu des dunes d’où partent les buggys. Ça a des airs de stations de ski avec des gens qui se promènent snowboard sous le bras. Sur place c’est une autre agence « Ciro Adventures » qui nous prend en charge. Toutes les promenades en buggy partent aux alentours de 4h afin de se terminer au coucher du soleil. Nous voyons donc défiler de nombreux buggys embarquer d’autres touristes. Mais le notre tarde à arriver. Est-ce parce qu’on a pris le tour le moins cher ? Un demi-heure après avoir vu partir le premier buggy le notre arrive. Notre chauffeur est un jeune Kéké qui fait monter le moteur dans les tours alors qu’on a pas encore quitté l’asphalte et que le moteur n’est pas encore chaud. Résultat : gros boum à l’arrière du buggy. Marta pense qu’on a touché un des véhicules stationnés, mais non : c’est tout simplement le pot d’échappement qui a explosé. Nous sortons du buggy et devons attendre une nouvelle fois un nouveau buggy qui heureusement vient avec un nouveau chauffeur. Et comme dit l’adage « un bon alpiniste est un alpiniste en vie ». C’est pareil pour les chauffeurs de buggy : le notre est âgé, donc soit il a commencé tard, soit il est prudent.
Nous sortons enfin de l’oasis et entamons l’ascension, poussive, de la première dune. Mais une fois le moteur chaud, c’est autre chose : nous montons les dunes à toute vitesse, sans voir ce qu’il y a derrière, et nous descendons à toute allure sur l’autre versant. Moi qui suis opposé aux sports mécaniques je dois avouer qu’on a de bonnes sensations. Ambiance Paris-Dakar.
Puis le buggy s’arrête en haut d’une dune et nous donne chacun un sandboard : une planche de bois aux extrémités relevés, cirée sur le dessous et avec des sangles pour s’attacher les pieds sur le dessus. Deux manières de l’utiliser : comme en snowboard, ou à plat ventre, la tête la première. Avec la première manière on va moins vite mais on tombe plus et avec la deuxième impossible de tomber, mais on mange du sable. Surtout si on crie. Pour freiner c’est simple : il faut attendre la fin de la dune.
Nous ferons 3 descentes entrecoupées de remontées en buggy. Pas de quoi devenir expert en sandboard, surtout que c’est assez différent de la neige : la planche ne s’enfonce pas dans le sable comme en neige poudreuse et impossible de faire mordre la carre de la planche dans le sable comme en neige dure. Je n’ai vu personne arrivé à faire un virage pourtant une recherche ultérieure sur youtube me prouvera que c’est possible. Je me contenterai de tenter de descendre frontside. Le vent présent me fait penser que ça doit être un bon spot pour le kitesandboarding.
Nous rentrons ensuite à l’oasis au couché du soleil.
De retour Marta se plaint à l’agence : même si au final la ballade nous a bien plu, on nous a promis 2h alors qu’elle a duré 1h30. C’est peine perdue, le seul moyen ici d’avoir gain de cause, c’est de payer après.
Après être rentré à Ica en taxi nous prenons le bus pour Aréquipa avec la compagnie Oltursa, plein de sable dans les cheveux.
Excellent le buggy !!!