Il est temps de quitter la Paz. Nous choisissons d’aller à Cochabamba, porte d’entrée sur les plateaux du centre. Première étape : choisir la compagnie de bus. Mais contrairement au Pérou, il n’y a pas de compagnies de bus recommandées sur le Lonely Planet et nous ne trouvons pas grand chose sur internet. Nous avons donc l’idée suivante : regarder l’état des bus, et en particulier des pneu. En effet, ça coûte moins cher de laver un bus qui va paraître neuf que changer les pneu. Armé d’un morceau de carton, je mesure donc la profondeur des sculpture des pneus. Deux compagnies ont l’air d’avoir des bus en bon état : Bolivar et Copacabana, suivit de près par El Dorado. Cosmos a des pneu quasiment lisses et le reste je n’en parle même pas. Le prix varie peu d’une compagnie à l’autre : en effet, les autorités boliviennes imposent un prix-plafond pour chaque trajet. Du coup les meilleurs compagnies proposent toujours ce prix-plafond, sauf en dernière minute lorsqu’il s’agit de remplir le bus juste avant le départ. Finalement nous choisissons Bolivar et le trajet en siège inclinable coûte 90Bs.
Tout au long du trajet nous aurons des mendiants, artistes et marchants qui montent dans le bus. Une dizaine au total. Certaines fois c’est pratique lorsqu’ils vendent quelque chose à grignoter, mais l’un d’entre eux est particulièrement pénible : il essaye de faire culpabiliser à fond les passagers qui ne donnent pas et se met même à lire un passage de la bible.
Sept heures de bus plus tard, nous voilà arrivés à Cochabamba. Au passage nous avons perdu 2000m d’altitude et gagné une dizaine de degrés. Nous prenons une chambre à l’hôtel Gina’s, très bien tenu quoiqu’un peu cher, situé à deux pas de la charmante place Colon, centre du centre ville. Sur cette place on a un aperçu de la végétation locale : les bougainvilliers sont de véritables arbres, et pas des arbustes comme en Europe, et on y voit un ravissant arbre à feuilles violettes.
La ville est réputée pour sa gastronomie, nous allons donc au restaurant Savarin, que l’on choisit car il est rempli de locaux. Je commande un « Lomo borracho » (bœuf soûl), échine de bœuf baignant dans une sauce au vin épicée accompagnée d’un œuf et de frites. Étant donné tout ce qu’on a mangé à La Paz, Marta préfère reposer son estomac et commande un consommé. Bien que délicieux, ce plat me sera fatal car le lendemain sera le premier jour d’une semaine de tourista qui me fera perdre 7kg.
Le lendemain, nous décidons d’aller voir la statue du christ qui surplombe la ville, et qui mesure juste 33cm de plus que le christ de Rio de Janeiro.
En sortant de l’hôtel nous voyons un sceau sur la boutique d’à côté. Elle a été fermé 3 jours par le service des impôts en guise d’avertissement pour « non émission de factures ». Et en se promenant dans la ville, nous verrons de nombreux autres commerces dans le même cas. Apparemment nous somme tombé sur la semaine des contrôles fiscaux.
Pour monter voir la statue, il faut prendre le téléphérique, le chemin piéton étant réputé dangereux. Avec 30 degrés, la cabine est une vrai fournaise, c’est pas tout à fait la même ambiance qu’à Isola 2000.
Nous déjeunons dans le restaurant « Casa de Campo » (Maison de Campagne). Les prix sont élevés, mais la cuisine est excellente et les portions pourraient satisfaire l’appétit de 2 ou 3 personnes. Heureusement que je commande une demi-portion qui est en fait est l’équivalent d’une grosse portion pour une personne. Marta elle commande a son tour un « Lomo Borracho » qui malheureusement ne se décline pas en demi-portion. Nous nous demandons si les habitués commandent un plat pour deux, mais les cochabambinos sont fidèles à leur réputation : ils commandent bien un plat par personne et finissent leur assiette !
En se promenant dans les rues de la ville, nous remarquons de nombreux graffitis parlant d’une route et de « Tipnis ». Renseignements pris, il s’agit d’un projet de route traversant la réserve naturelle et parque national de Tipnis (Territorio Indígena y Parque Nacional Isiboro-Secure), et qui apparemment rencontre de nombreux opposants (cf article). Une marche de protestation de 500km jusqu’à La Paz a été accueillie par des coups de matraque et des bombes lacrymogènes.
Nous nous renseignons sur les visites au parc national qui entoure le village de Torotoro. Il n’est pas trop touristique, c’est pourquoi nous ne trouvons pas de groupe auquel s’insérer et nous devons donc réserver le tour pour nous deux seulement et le prix s’en ressent, 1900 Bs pour deux.
Le lendemain nous arrivons à 8h devant l’agence « Bolivia Cultura » où nous attends Javier, notre chauffeur. La route est un intermédiaire entre les routes péruviennes et européennes : au lieu d’être une piste c’est une route pavée avec des galets. Ça vibre un peu mais au moins ça évite la poussière omniprésente aux alentours des pistes en terre. Et c’est moins cher que l’asphalte, du moins en Bolivie où la main d’œuvre est bon marché. J’imagine le travail pour poser à la main les 48 millions de galets des 160 km de la route (calcul personnel pour estimer le nombre de galets). Le 4×4 marche au gaz et peine à la montée, mais 5h plus tard nous arrivons à Torotoro pour le déjeuner.
Pas de restaurants dans le village, mais un grand « comedor », construit par la mairie, entouré de 8 cuisines. Le principe : on commande dans une des cuisines et on s’installe où on veut dans le comedor. Mais c’est en principe car là, une seule cuisine est ouverte. Javier nous explique que toute la nourriture est importée de Cochabamba. Nous nous demandons du coup de quoi vivent les habitants.
La vue depuis le village est impressionnante : on peut visualiser les plis formés par la tectonique des plaques.
L’après-midi, nous visitons une grotte, avec Julieta une guide locale. Il faut savoir qu’en Bolivie, afin de maintenir l’emploi dans les communautés, il est obligatoire de recourir à un guide local dans tous les parcs naturels. La visite est ludique avec de nombreuses contorsions pour se glisser dans les conduits de la grotte. Nous voyons moult stalactites et stalagmites, c’est presque aussi joli que la grotte de la Balme.
Le lendemain, nous voyons l’attraction principale de Torotoro : les empruntes qu’on laissé les dinosaures dans de la glaise solidifiée. Julietta nous décrit les dinosaures correspondants, mais ça manque de dessins pour illustrer.
Ensuite nous visitons le canyon de Torotoro : beaucoup moins profond que celui de Colca, mais très encaissé.
Nous y descendons via un chemin en pierres construit par les habitants pour développer le tourisme. Au fond du canyon se trouve une cascade verdoyante au pied de laquelle on peut se baigner.
A la sortie du canyon, nous verrons les peintures rupestres représentant la lune, le soleil et les montagnes alentours.
Nous rentrons le soir à Cochabamba en prenant en passager une femme et ses trois enfants, car les bus passent rarement à Torotoro.
Le lendemain, puisque ma diarrhée persiste et que je continue à perdre un kilo par jour, nous allons, sous les conseils de Javier, à « l’hôpital Belge ». L’attente y est longue, mais les médecins compétents. Nous y passerons toute la journée pour une analyse parasitaire et deux consultations. Au final j’en aurai pour plus cher de médicaments que d’honoraires : le médecin coûte deux fois moins cher qu’en France (en prenant en compte que ça doit être un des plus chers de Bolivie), mais le prix des médicaments est partout le même dans le monde. Mais les boliviens sont plus malins que les français : la posologie du médicament étant de deux prises par jour pendant 3 jours, soit 6 gélules, l’industrie pharmaceutique a fait des boîtes de 5, histoire de vendre deux boites et de jeter les 4 gélules de la seconde. La pharmacienne me donne une boîte de 5, découpe une gélule sur une autre boîte et me voilà avec pile mes 6 gélules. J’en ai les larmes aux yeux.
Les médicaments, un anti-diarhéique et des spores de bactéries (celles qui permettent la digestion), font effet en 24h. Je peux recommencer à prendre du poids.
Le lendemain, après avoir visité la maison du mégalomane Patiño, appelée Palais Portales, nous pouvons partir pour Sucre, capitale constitutionnelle de la Bolivie.
Nous choisissons la compagnie Copacabana, qui d’après mes mesures a des roues en bon état. Le départ est prévu pour 20h30 et nous arrivons à 20h devant le bus avec nos bagages. Nous voyons tout le monde monter dans le bus avec ses bagages. Étrange. Mais il n’y a personne de la compagnie pour nous renseigner ni pour contrôler qui monte dans le bus. D’ailleurs nous voyons ressortir des passagers qui s’étaient trompé de bus. Marta monte dans le bus vérifier que personne ne prend nos places pendant que j’attends dehors avec les bagages. A 20h50 se présente le chauffeur et me dit qu’il faut aller faire peser les valises 100m plus loin. Pendant ce temps dans le bus monte une employée qui vérifie les noms des passagers. Marta lui dit que je suis en train de faire peser les bagages. Quant à moi, j’arrive devant les balances où il règne la plus totale désorganisation, me retourne et voit le bus qui commence à partir. Je cours avec 30kg de sacs à dos dans les mains et me plante devant le bus qui ralenti. Je me met sur le bord de la route pensant que le bus va s’arrêter et m’ouvrir la porte, mais il continue ! Je ne peux pas l’entendre mais pendant ce temps Marta est en train de gueuler sur le chauffeur pour qu’il s’arrête. Je ne suis pas le seul à courir derrière le bus, un autre passager aussi chargé que moi cours aussi. Descend du bus en marche un autre employé qui, le bus toujours en marche ouvre une trappe du bus et y met un de nos sacs. 500 mètres plus loin, nous arrivons enfin à un feu rouge où nous pouvons monter avec nos bagages. Je trouve Marta en train d’engueuler le chauffeur et je gueule aussi à mon tour. L’autre passager ne dit rien. Il faut savoir qu’en Bolivie et au Pérou, les gens ne crient presque jamais.
Vingt minutes de trajet plus tard nous le bus s’arrête « Pause pour dîner ». Le problème c’est qu’on nous ne dit pas combien de temps le bus s’arrête, je garde donc d’un œil le chauffeur et de l’autre la soute où est mon sac à dos car on charge encore des marchandises dans le bus. L’employé qui a mis mon sac à dos dans la soute me dit qu’il faut payer 20Bs pour mes bagages. Comme je ne lui répond pas il me dit en anglais « pay » (payer). Je lui demande, en espagnol, si c’est le seul mot d’anglais qu’il connaît et pars. Je vérifie sur mon ticket et on a bien droit à 20kg de bagages chacun donc pas moyen de payer. D’ailleurs 10h plus tard à Sucre, on ne me demandera rien. Bref j’ai pris le bus en Bolivie.
coucou les baroudeurs !
eh ben vous avez pas l’air de vous ennuyer 🙂
merci de nous faire partager tout ça
on vous embrasse